Les cloches de l’Armistice par Maurice Genevoix
À la déclaration de la guerre, Genevoix rejoignit le 106e régiment d’infanterie en tant que sous-lieutenant. Entre septembre 1914 et avril 1915, son régiment participa aux attaques de la « tranchée de Calonne » et de la « butte des Éparges » dans la région de Verdun. Le 25 avril 1915, il fut blessé de trois balles, deux au bras et une à la poitrine. Après sept mois de soins, il rentre à Paris, rue d’Ulm, où il accepte, sous les encouragements du secrétaire général de l’École avec qui il a longuement correspondu, de transcrire son témoignage qui sera publié sous le titre “Ceux de 14”.
Auteur d’un œuvre riche de 56 ouvrages comme Raboliot (prix Goncourt 1925), La Dernière Harde, La Forêt perdue ou Au cadran de mon clocher, il était membre de l’Académie Française.
Il a aussi écrit un court texte qui évoque les cloches de l’armistice et que nous reproduisons ci-dessous.
Les cloches de l’Armistice
Lorsque sonnèrent les cloches de l’armistice, je me trouvais dans mon village. C’était une admirable journée d’automne. Quel calme ! Quelle sérénité ! Et c’est dans ce silence que s’éveilla le vol des cloches. C’en était à jamais fini. Le dernier «cessez-le-feu» avait sonné la fin de la dernière bataille.
À dater de cette heure, les hommes n’épuiseraient plus la joie de se sentir vivants. Je me souvenais de notre départ cinquante-deux mois auparavant. Ces souffrances que nous pressentions, ces horreurs, ces massacres, nous savions à présent que leur réalité avait dépassé de bien loin tout ce que nous imaginions.
Maurice Genevoix, La Médaille militaire, n°460, 1988, «Société nationale des médailles militaires»
Maurice Genevoix :
né le 29 novembre 1890 à Decize dans la Nièvre,
mort le 8 septembre 1980 à Jávea, Espagne
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