Train de cloches saisies au nord du Front vers 1916 ou 1917
En 1870, les soldats de Guillaume 1er dévalisaient nos châteaux et emportaient nos pendules. Aujourd’hui, ceux du petit-fils, de Guillaume II, dévalisent nos églises, déménagent nos clochers et envoient à la fonte en Allemagne nos cloches pour en faire des engins de mort. Les Allemands sont donc bien restés ce qu’ils étaient il y a quarante-huit ans : des voleurs, des scélérats.
Les loyaux soldats que l’Amérique nous envoie pour nous aider à libérer nos provinces envahies, ont pu le constater de visu lorsqu’ils sont entrés avec nos troupes dans Château-Thierry libéré. Comme toutes les villes du Nord, la malheureuse cité avait été mise complètement au pillage. Tous les meubles et objets précieux avaient été enlevés.
Ce texte est la légende d’une photo titrée “Photographie trouvé sur un soldat allemand fait prisonnier dans l’Oise, le 11 juin” qui introduit un excellent article publié dans le n° 69 de “Patrimoine campanaire, bulletin de la Société Française de Campanologie” dont nous vous présentons un court extrait mais que nous vous invitons à consulter ici.
Pendant les guerres, depuis que l’artillerie utilise le bronze pour ses canons, c’est-à-dire depuis fin XVe-début XVIe siècle, les clochers sont volontiers traités comme des « mines de bronze (expression du député Reboul le 14 mars 1792 à l’Assemblée législative: « Une autre mine féconde de bronze [nous soulignons] est dans ces vastes clochers où, par un luxe ridicule, on a rassemblé de grandes masses destinées, bien moins à appeler les citoyens aux cérémonies, qu’à troubler le repos de leurs voisins) Selon une pratique inaugurée au XVIe siècle, et maintenue bien au-delà, toute ville prise devait livrer ou racheter ses cloches et l’on voit encore ce rachat faire l’objet de règlements tarifés sous le Premier Empire, car le bronze sert tant pour les cloches que pour les canons…
Selon l’estimation fournie par Alain Corbin, autour de 50 000 tonnes de bronze furent récupérées pendant la Révolution pour alimenter la guerre extérieure, soit encore à peu près la moitié du poids de l’ensemble des cloches d’églises du pays. Pendant la première guerre mondiale, au moins dans la zone du front, les destructions volontaires de clochers – soupçonnés de servir de points d’observation aux artilleurs ennemis – furent nombreuses ; en outre dans les régions françaises ou belges occupées par l’Empire allemand, des cloches furent enlevées et fondues pour fournir la matière première de l’industrie d’armement car le blocus établi par la flotte anglaise limitait les possibilités d’importation de la matière première. Par exemple en 1916, les Allemands enlèvent pratiquement toutes les cloches du département des Vosges, l’année suivantes les deux-tiers de celles du département de la Moselle disparaissent et toutes les régions occupées sont frappées à des degrés variables.
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